Humeurs

Le corps de la femme, une zone de non-droit ? Non, c’est non !

non-cest-non-forage-pc3a9trole-gaz-de-schiste

Comme beaucoup, j’ai eu vent de la polémique monstrueuse qu’il y a eu après une émission de Touche pas à mon Poste. Personnellement, je n’aime guère cette émission, alors je me contente seulement de zapper.

Mais là, il y a eu un tel déferlement de bêtises… Que je ne peux rester silencieuse.

L’histoire est simple : une femme porte un décolleté, un homme veut l’embrasser, elle dit non. Alors, à la place, il lui fait un smack sur la poitrine…

A partir de là, on se demande légitimement : la femme est-elle une victime ? Beaucoup se sont indignés, et d’un autre côté, une grande partie a défendu l’homme en question.

Je n’ai rien contre ce monsieur en particulier, d’autant qu’il a présenté des excuses que sa « victime » a accepté, et l’affaire est bouclée et ne nous concerne plus vraiment.

Ce qui nous concerne TOUS, par contre, ce sont les réactions qu’a engendré cet événement. J’ai été choquée, je dis bien choquée, de toutes les personnes qui ont accablé cette femme et minimisé l’acte de cet homme.

Elle portait une tenue sexy (mais dans le langage courant, vu que c’est une femme, c’est une tenue « de pute », hein ?). Elle avait le sourire aux lèvres. Elle a dit non, elle ne voulait pas de ce baiser. Il lui a quand même été infligé. Mais vous voyez comme elle est habillée aussi, elle provoque son monde… Et puis cette manie de sourire, comment être sûr que son « non » est sincère ? C’est un non qui dit oui, c’est évident.

Bordel ! Le corps de la femme vous appartient-il pour vous répandre en conneries réductrices de cette façon ? Notre corps n’appartient qu’à nous, nous seuls, il n’appartient pas aux passants, à notre mari, à n’importe qui d’autre que nous-même. Si on dit « Non », qu’on le dise en dansant, en rotant, en souriant, en sautant à cloche-pied, c’est un NON quand même. C’est un mot simple dont on apprend la signification à deux ans grand maximum. Pourquoi arrivés à l’âge adulte devons-nous tout à coup en rappeler le sens ?

NON, c’est NON. En acceptant ce genre de dérives à coup d’excuses bidons telles que la tenue de la femme, l’intonation de sa voix, l’angle de son sourire, la couleur de ses yeux ou la météo du jour, on ouvre la porte à des dérives dangereuses et inacceptables.

J’en ai marre d’en voir marteler que ce n’est pas grave, elle n’en est pas morte, ce n’est pas comme si elle avait été violée. BEN, EN FAIT, tous ces arguments idiots et réducteurs sont une brèche immense vers la minimisation du viol, des attouchements, des agressions.

J’ai connu ça. J’ai déjà été forcée par un homme à pratiquer une pratique dont je n’avais pas envie, refus que j’avais exprimé par un « non », deux fois de suite. Il a continué malgré tout, et liquéfiée que j’étais par le choc, la peur, la surprise de le voir me forcer à un acte sexuel que je réprouvais, je suis restée crispée, à pleurer dans mon coussin, pendant qu’il faisait son affaire. Puis, à la fin, les joues baignées de larmes, je lui ai demandé pourquoi il avait fait ça alors que j’avais dit non. Il a répondu, et je m’en souviendrai toujours : « Tu n’as pas dit non assez de fois ».

Tout ça, sans doute, parce qu’on a mis dans sa caboche qu’il y avait plusieurs sortes de « non », qu’une femme est là pour assouvir les désirs et les fantasmes de n’importe quel gros porc qui passe, et que si elle refuse de se soumettre c’est qu’elle n’assume pas l’effet qu’elle provoque chez les autres.

Notre seul tort, dans l’histoire, c’est d’être des femmes. Je crache à la tronche de tous ceux qui cautionnent ce genre de choses, car ils sont de véritables dangers publics et ils laissent le plaisir à des obsédés de se croire innocents et dans leur bon droit.

Mais le corps d’une femme ne vous appartient pas, et vous n’y avez pas tous les droits. Même si c’est votre femme, même si elle est habillée sexy, même si elle sourit avec gêne de votre insistance. Aucun de ces arguments n’est suffisant à excuser que vous ne vous embarrassiez pas d’un bête consentement. Si elle se refuse à vous, et que vous continuez, c’est une agression. Ni plus, ni moins. Je connais la langue française, personnellement, et quand je dis « non », c’est pour exprimer un refus, et il me semble que c’est ce que tout le monde devrait comprendre.

Imaginons que je veuille forcer mon c héri à manger des vers de terre. J’aime bien les vers de terre, ça me fait rire, et puis ce n’est pas la mort. Il refuse. Je lui dis que s’il m’aime, il doit le faire. Et puis, il m’a provoqué, à blaguer avec moi, pourquoi ne va-t-il pas au bout de la blague en faisant ce truc stupide, pour mon petit plaisir ? Il m’énerve à la fin, je vais lui coller ces foutus vers dans le gosier et il va les avaler tout rond, moi je vous le dis;

Voilà. Quand vous forcez une femme à supporter un attouchement qu’elle REFUSE, un baiser qu’elle a décliné, un acte physique pour lequel elle n’est pas du tout consentante, vous êtes tout aussi dégoûtant que ce que je viens de décrire. Vous êtes tordus et pervers. Après, je ne suis pas non plus inhumaine. Je comprends que pas mal d’hommes, inondés par ces préjugés idiots et sexistes, ne se rendent même plus compte parfois de la gravité de leurs gestes. Le tout, ensuite, c’est de reconnaître son erreur, la teneur de sa faute, et d’avouer qu’il a merdé. S’il ne fait pas ça, il reste quelqu’un pour qui c’est tout à fait normal. Quelqu’un de dégoûtant.

Ce n’est pas à nous d’apprendre à dire « non » d’une manière spécifique. C’est aux hommes d’apprendre à respecter le souhait et la parole de la femme qui se trouve en face d’eux, et à calmer leurs ardeurs comme des êtres humains civilisés.

C’est mon avis !

Crédit image : Stopgaz

5 réflexions au sujet de « Le corps de la femme, une zone de non-droit ? Non, c’est non ! »

  1. C’est ton avis, oui, et je le partage complètement. Ton analyse est pertinente et juste, et je me demande parfois pourquoi on en est encore là au 21ème siècle. Honte du genre masculin souvent…😦

    J’aime

    1. Tous les hommes ne sont pas comme ça, mais un homme qui pense de cette manière immonde, c’est un de trop ! c’est vraiment chiant cette manie qu’a la société de s’approprier le corps de la femme, comme si la femme devait quelque chose aux autres. Zut quoi ! 😦

      J’aime

  2. Je n’ai pas suivi la polémique, seulement de loin… je crois que dans TPMP même ils ont dit que ce n’était pas une agression sexuelle… Alors je suis allée chercher la définition (sur le site gouvernemental du Québec) : « Une agression sexuelle est un geste à caractère sexuel, avec ou sans contact physique, commis par un individu sans le consentement de la personne visée […] Il s’agit d’un acte visant à assujettir une autre personne à ses propres désirs par un abus de pouvoir, par l’utilisation de la force ou de la contrainte, ou sous la menace implicite ou explicite. Une agression sexuelle porte atteinte aux droits fondamentaux, notamment à l’intégrité physique et psychologique, et à la sécurité de la personne ». Alors ben… certes, les seins ne sont pas des parties sexuelles (puisque ce n’est pas un sexe) mais ils revêtissent un caractère sexuel/sexué dans le sens où ils sont l’attributs spécialement des femmes et touchent à l’intime (les fesses ne sont pas un attribut sexuel mais ont un caractère sexuel, par exemple aussi). Donc ici on était bien dans une agression sexuelle, que monsieur et son équipe aient été choqué de ce terme ou pas.

    J’ai été choquée et agacée par l’argument du sourire : 1) on est à la télé, on était apparemment dans un moment de fête (moment large, pas le moment de l’acte précis, on s’entend) donc on sourit, 2) un sourire peut être crispé, pour pas perdre la face (on est à la télé, je rappelle).

    Pas dit non assez de fois ?! Je m’étrangle ! Et à partir de quand c’est « assez de fois » ? On fait promulguer une loi où ça dépend des personnes ? Nan mais sérieux c’est quoi cet argument à la con ! Y’en a qui mériteraient franchement d’aller faire un petit tour en prison… un grand tour ! (je ne peux pas souhaiter le viol, ce genre de choses ne se souhaitent à personne).

    J’aime

    1. Ils n’osent pas dire que c’est une agression car ça ternit leur image et que ce n’était pas leur intention de départ. Mais c’est arrivé et pour le bien de tout le monde il devrait porter leurs couilles et assumer !
      Surtout que le sourire est plus crispé qu’autre chose ! elle a dit non, elle a secoué la tête, elle arbore un sourire crispé, mais c’est rigolo on va quand même lui baiser les seins… dans quel monde dégoûtant vit-on ! Je veux bien qu’on pardonne au fautif s’il s’excuse et qu’il se sent mal d’avoir fait ça, mais pas en minimisant ce qu’il a fait et en lui disant qu’il est innocent ! c’est vraiment pousser les limites et mettre en danger toutes les femmes !
      Oui oui, je n’avais pas assez dit non. Un seul suffit, c’est la base du respect, de l’éducation, d’un comportement civilisé. Beaucoup d’hommes font de moins en moins cas du refus de la femme et s’obstinent à gratter, pour avoir un petit quelque chose… Je trouve cela irrespectueux et manipulateur ! Marre de cette violence parfois inconsciente à laquelle sont soumises les femmes tout simplement parce qu’elles sont femmes.

      J’aime

      1. C’est pas qu’ils n’osent pas dire ce que c’est, c’est pire que ça : c’est qu’ils disent que ce n’est pas ce que c’est ! Et je crois que tu mets le doigt sur un truc très important : l’intention. J’ai entendu les excuses du gars, soit c’est un très bon acteur, soit il était vraiment touché. J’ai envie de croire qu’il n’avait pas conscience que c’était une agression sexuelle, et alors sous prétexte que ce n’était pas l’intention alors ce n’est pas arrivé. Mais intention ou pas intention c’est bel et bien une agression sexuelle ! Mais comme eux ne considèrent pas qu’ils ont fait ça et n’ont pas voulu agresser ils considèrent que c’est une « erreur », un « dérapage » un truc « un peu lourd » mais pas une agression, et ça c’est vraiment très grave ! Je peux comprendre qu’ils ne se soient pas rendus compte (surtout dans l’émulation d’une émission de télé en direct comme ça peut l’être) mais, après coup, refuser d’accepter ce qu’on a fait, c’est vraiment grave.

        Oui, d’autant qu’apparemment il a appelé la fille après pour s’excuser et lui demander de pas porter plainte parce que sa famille lui tournait un peu le dos : genre c’est la faute de la fille en plus ? et c’est lui le plus à plaindre pauvre petite chose que tout le monde boude ? Sérieusement…

        C’est du grand n’importe quoi… en un sens ce n’est pas vraiment leur faute : si leurs parents ne leur ont pas correctement appris, si personne ne leur a fait comprendre… mais d’un autre côté ils devraient le comprendre par eux-mêmes au bout d’un moment…

        J’aime

Dis-moi ce que tu en penses !