Mes lectures

« Charlie, 17 ans » de Nina Frey : une claque, un espoir…

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Ce roman me faisait de l’œil depuis un moment. Comment souvent, j’ai fini par craquer. Et c’est dans une histoire folle de réalisme et déconcertante que je me suis embarquée.

« Je m’appelle Charlie. Oui. Je sais ce que vous vous dites. Exactement comme les 66 millions de français, et le bon milliard de nos soutiens à l’International. Je m’appelle Charlie, sauf que moi c’est pour de vrai. »

Charlie Legendre, a 17 ans. Elle n’a jamais compris pourquoi ses parents l’avaient appelée Charlie. Sauf que le 7 janvier 2015, son prénom se fait l’écho du drame qui vient de se produire. Sami Bensouda a 17 ans aussi, et l’évènement le plonge au coeur d’une société en quête d’elle même, et de ce « nous » rendu si fragile.
Alors, face aux réactions de leurs proches et amis, l’un comme l’autre ils vont tenter de faire face à la violence de l’instant, et à la question brûlante de l' »Après-Charlie »

J’avais peur de me lancer là-dedans. Comme tout le monde, le 7 janvier 2015, j’étais rivée aux informations à me demander si je n’étais pas en train de faire un cauchemar. Comme beaucoup, j’ai pleuré, j’ai eu la haine, j’ai eu peur. Donc je me suis dit : est-ce bien la peine de replonger là-dedans ? La réponse est oui !

Ce roman est une lueur d’espoir dans les moments les plus sombres de notre pays, affaibli par le terrorisme. J’ai ressenti à travers les préoccupations et les pensées de Charlie, tout ce qui m’a traversée ce jour-là : la peur, la perte de l’espoir, la violence d’un monde qui change d’une minute à l’autre, qui passe d’une existence pleine d’ambition à la crainte de voir notre avenir, celui de nos proches, de nos concitoyens, détruit par ces barbares.

Je me suis rappelée ce jour-là, ce que je faisais, ce que j’ai ressenti. Mes larmes, ma colère, cette impression que le monde autour de moi changeait et qu’il ne serait jamais plus le même. C’est une histoire bouleversante et émouvante. En quête d’identité, des jeunes se battent pour comprendre, pour penser, pour le respect, la tolérance. Une jeunesse qui nous apparaît dans un premier temps comme perdue, mais qui est bien consciente de la réalité finalement.

Charlie se voit reprocher de prendre l’attentat trop à cœur. Et quand bien même, jamais elle ne lâche le morceau, jamais elle se laisse influencer par le couplet du : « ce n’est pas si grave ». C’est une jeune fille sensible, et c’est bien ce qui fait sa force à travers cette épreuve commune et pourtant si unique pour chacun.

Le sujet est casse-gueule, on ne va pas se le cacher. Il prête à débat, un débat qu’on n’a pas forcément envie d’avoir. Et pourtant, le sujet est traité avec beaucoup d’humanité, de délicatesse, d’émotion, et surtout de tolérance. Chacun gère la chose comme il peut, personne n’est indifférent, et à aucun moment l’auteur ne se laisse aller à juger tel ou tel personnage. Même les personnages qui disent parfois, avouons-le, des énormités ! Ce ne sont que des êtres sensibles, différents, qui réagissent tous à leur manière, et on voit que l’auteur respecte chacun d’eux.

Pour finir, j’aimerais féliciter l’auteur pour le personnage de Sami. Charlie est une figure d’espoir, une jeune fille qui se bat, qui gère sa peur pour en faire un combat… Mais Sami vraiment est une merveille de complexité qui m’a fascinée. Un personnage que j’aimerais connaître, en vrai. Cette horreur face à la mort, légitime, ce respect qu’il témoigne à tout le monde, même à ceux, comme Charlie Hebdo, qui ne lui plaisent pas. Il m’a beaucoup touchée. J’avais envie de l’aider, de lui dire que tout s’arrangerait.

Je tiens vraiment à féliciter Nina Frey pour ce roman. Elle soulève des points importants, la jeunesse en manque de repère et d’icône, la tolérance de chacun, l’union face à l’horreur, l’espoir mêlé à la peur d’une vie qui ne sera peut-être jamais comme on l’a imaginé… Elle a géré son histoire de bout en bout, sans faux-pas. Une belle leçon d’union, de liberté.

L’avez-vous lu ? Qu’en avez-vous pensé ?

8 réflexions au sujet de « « Charlie, 17 ans » de Nina Frey : une claque, un espoir… »

  1. cela va te paraître étrange, mais j’ai envie de former un coeur immense avec mes mains pour te remercier. ❤ quelle belle chronique ! merci vraiment, elle fait tellement écho à ce que j'ai voulu mettre dans ce roman ! #Emue et heureuse

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  2. Je crains un peu de me replonger dans cette période difficile. Rien qu’à te lire des souvenirs sont revenus, fragiles, et je ne suis pas sûre de vouloir réveiller toutes ces sensations d’effroi.
    Mais l’approche me paraît intéressante, et, au moins, elle me parlera forcément.
    A voir ! 🙂

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    1. Oui je comprends tout à fait qu’ils soient trop tôt. Moi même j’ai hésité. Mais l’histoire me tentait et je voulais découvrir l’approche de l’auteur. Et l’approche finalement est délicate, humaine, intelligente ! J’ai ressenti la douleur de cette période mais également un espoir qui me manque parfois cruellement 🙂 je ne regrette pas ma lecture mais effectivement si c’est encore trop fragile en toi il vaut mieux patienter. J’ai eu des frissons et les larmes aux yeux à certains moments, notamment quand la femme d’une des victimes dit qu’à présent, parce qu’on prend un crayon pour dessiner, on se fait tuer… j’ai eu besoin de quelques pauses dans ma lecture alors je comprends !

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      1. Je me le garde de côté malgré tout parce que l’histoire me tente en effet, et si comme tu dis le livre apporte un peu d’espoir, alors c’est ce qu’il faut en ce moment. 🙂

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